Hiver = retardataires

Cavani et Lavezzi en retard pour la reprise du PSG? Ce n'est pas la première fois que ce genre de «phénomène» se produit, à Paris ou ailleurs, lorsqu'il est l'heure de reprendre l'entraînement à la trêve hivernale.

Ronaldinho avait préféré prolonger son séjour au Brésil plutôt que de retrouver les basses températures hexagonales. (L'Equipe)

Quand Ronaldinho a une dent contre son coach

Star absolue du PSG au début des années 2000, Ronaldinho se permet souvent des largesses avec les règles de discipline imposées par Luis Fernandez, avec qui les relations sont tendues. La mansuétude du président Laurent Perpère renforce l’idée d’un joueur intouchable. En décembre 2002, le Brésilien ajoute un caprice à sa collection: il sèche la reprise de l’entraînement, le 28, et revient finalement au Camp des Loges avec cinq jours de retard.

La raison évoquée? Des problèmes dentaires, liés à sa mâchoire, l’ont forcé à consulter des spécialistes au Brésil. «Aucune raison médicale ne pouvait expliquer ce retard», annonce via un communiqué le PSG, où personne ne croit à cette excuse. Ni les joueurs, qui ont immédiatement demandé des explications à Ronnie ; ni son président, désormais moins clément après ce retard «sans justification réelle ou sérieuse». Sanctionné financièrement, hors de forme, Ronaldinho doit s’astreindre à un programme d’entraînement spécifique. Il rate quatre matches, dont un face à Besançon en 32es de finale de la Coupe de France et un déplacement à Ajaccio en Championnat. Le futur Barcelonais fait son retour en jeu le 25 janvier face à… Marseille (16es de finale de la Coupe de France).

Quand les billets d'avion ne sont pas échangeables

C’est une excuse souvent avancée par les retardataires: les problèmes d’avion. Souci avec une correspondance, vol retardé voire même annulé, ou, dans le cas de Stéphane Dalmat par exemple, un billet non échangeable. Le milieu de terrain nomade a raté la reprise hivernale de l’entraînement avec Santander, lors de son unique saison avec le club espagnol, en 2005-2006, parce qu’il avait «pris des billets pour des vacances depuis très longtemps.» «Le staff technique a modifié les dates pour un match amical. J’ai demandé une dérogation, je n’ai jamais reçu de réponse», expliquait-il dans notre journal, quelques semaines plus tard.

Quand Gil use du comique de répétition

De l’été 2011 à l’hiver 2013, Gil a évolué sous les couleurs de Valenciennes. Mais le solide défenseur central (1,93 m) a passé cette période entre le Nord de la France et son Brésil natal. Entre mal du pays, soucis familiaux et bras de fer pour quitter le VAFC, le joueur a prolongé ses vacances, de façon unilatérale, durant trois trêves successives! La première fois en janvier 2012, où il est revenu avec quatre jours de retard. «Je sentais avant son départ qu'il y avait un problème. Il avait le mal du pays. Il s'excuse», explique alors Jean-Raymond Legrand, le président valenciennois.

Rebelote sept mois plus tard, alors que les Corinthians souhaitent s’attacher les services du défenseur. Mais l’offre du club de Sao Paulo n’est pas assez élevée, et Gil revient en France. En décembre 2012, le joueur, offciellement blessé, se rend au Brésil alors que la trêve n’a pas débuté. «Il m’a promis qu’il serait là à la reprise le 2 janvier», assure Legrand. Le joueur ne revient pas et négocie encore avec les Corinthians. «Il faudrait l'Armée rouge pour le faire revenir en France aujourd'hui. Je le dis tous les six mois, ça commence à me fatiguer», regrette le président nordiste. Gil est transféré quelques jours plus tard.

Quand Adriano revient le ventre plein

À l’Inter, Adriano a alterné coups de génie et coups de blues. S’il a marqué 74 buts sous le maillot milanais, l’attaquant s’est aussi montré ingérable, excédant Roberto Mancini puis José Mourinho pour ses retards répétés aux entraînements. Le 2 janvier 2009, «l’Imperator» (Empereur) ne se présente pas à Appiano-Gentile, où il est attendu pour la reprise. Le Brésilien ne se pointe que le lendemain au centre d’entraînement de l’Inter, la mine exténuée, le ventre bien rempli (plus de 100 kg). Une attitude qui tranche avec le professionnalismenerazzuro.

Le club lui inflige une amende de 150 000 euros, soit 30% de son salaire de janvier. «Je crois qu'il faut qu'il comprenne que nous voulons qu'il soit heureux et qu'il travaille dans les mêmes conditions que les autres, pour être bien avec lui-même», le recadre le capitaine Javier Zanetti. Trois semaines plus tard, après s’être entraîné sur ses jours de repos, le Brésilien a perdu trois kilos et marque l’unique but du match contre la Sampdoria (1-0).

BONUS : Et même l'été...

À l’été 2012, au sortir d’un Euro décevant avec l’équipe de France, Alou Diarra est attendu le 16 juillet à Marseille, comme les autres internationaux. Sauf que le milieu de terrain manque à l’appel. «Il semblerait qu’on lui ait accordé ensuite jusqu’au 19», déclare Elie Baup, le nouvel entraîneur de l’OM, en référence à un accord passé entre Diarra et… Didier Deschamps, qui a quitté le banc olympien à l’intersaison. Sauf que le joueur aurait été prévenu par Baup qu’il devait être présent le 16. Diarra, dont Marseille chercherait à se séparer, a finalement effectué son retour à l’entraînement le… 21 juillet. Puis il a fait ses valises pour West Ham lors de ce mercato estival.

BONUS (bis) : Déjà dans les années 1990...

Voir un joueur prolonger ses vacances n’est pas un phénomène nouveau. En 1994, Romario avait établi une sorte de record. Attendu le 1er août au centre d’entraînement du Barça, soit un mois et demi après le sacre du Brésil à la Coupe du monde, l’attaquant ne pose ses crampons en Catalogne que le 23, suscitant la colère de son entraîneur (Cruyff) et de ses partenaires (Koeman, Stoichkov). «Si je devais être trop sanctionné, je serais prêt à revenir rapidement au Brésil», menace «O Baixinho» (Le Petit). Il doit finalement s’acquitter d’une amende de 400 000 francs et est obligé de s’entraîner dès 6 heures du matin, avec le préparateur physique du Barça, pendant deux semaines. Un supplice pour le Brésilien.

J.Te. et Y.S.